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      La monnaie, point faible 

             du capitalisme ?

 L'objet de cet essai est de montrer une vue d'ensemble, 

        de poser un problème, en un minimum de mots.

 

Le capitalisme repose sur  une  CONVENTION  et  une CONTRADICTION. La convention, (ou règle du jeu),  est le lien monnaie ,(ou signe), et matière.  Ex. :  Dollar/Or. La contradiction, c'est que  les  gains  de  productivité sont contradictoires à ce postulat. Commençons par :

 

I°)  La contradiction  :  Les gains de productivité sont contradictoires Ã  ce postulat.  Marx le démontre  bien à travers un exemple simple :

 

Si un ouvrier fabrique alors une  épingle  par  jour, les épingles sont rares et  coûtent  chers,  ce  qui  permet de payer la fabrication l'ouvrier et également de plus  de dégager une plus-value ou bénéfice. Et Ã©galement ça permet à  l'ouvrier  de  s'en  acheter  une.  Tout  va bien dans le meilleur des mondes capitalistes qui soit possible.

 

Mais si le même ouvrier fabrique trois  mille  Ã©pingles par jour... le prix des épingles s'effondre et  le  patron ne  peut  plus payer son  salarié et ainsi encore moins dégager un bénéfice et le salarié ne peut plus acheter d'épingle... C'est la déroute... Dans l'abondance...

 

Le patron doit alors concevoir  plusieurs  épingles  de couleurs différentes pour créer le besoin. Mais  si  les gains  de  productivité  continuent  d'augmenter,  cela recommence...  Alors le patron  conçoit  des  épingles fragiles pour obliger  Ã   leurs  remplacements,  Ã   une rotation pour maintenir, coûte que coûte, un prix très élevé. Et ça ne suffit pas.

 

Alors tous les patrons jouent à la guerre économique, c'est-à-dire qu'ils inventent  le  marketing,  et  aussi  la publicité,  (ces  consultants  et  autres  publicitaires  sont payés, et chers,  par des gains  de  productivité). Cela dit, ils sont les envoûteurs et l'on ferait bien de  les  payer à ne rien faire.  Le but du marketing est compris dans le prix global de la marchandise !  Donc travailler plus pour acheter.... c'est du vent !

 

Cela ne suffit toujours pas. Les gains  de  productivité sont   encore  trop  grands.  Alors  puisqu'on  ne  peut plus faire de bénéfices, les  capitalistes  vont  créer  la monnaie.

 

Les banques créent  de  la  monnaie, dite  scripturale, par des lignes d'écriture,  qui repose de nos jours  sur la garantie de la banque  d'émission...  C'est-à-dire de la monnaie mise en circulation et qui  ne  correspond pas à la matière comme de l'or par exemple. On nous dit que c'est sur des actifs.

 

C'est là que ça devient très intéressant.  Les  gains  de productivité  sont  contradictoires  au  capitalisme. Ce point mérite que l'on s'y arrête. Deux remarques :

 

1) La conséquence, c'est qu'à service rendu égal je dois  travailler  infiniment  plus, (dans  l'exemple  de l'usage d'une épingle), c'est-à-dire en fait Ãªtre soumis Ã  l'esclavage,  (autant  casser  des  cailloux)...  Au  lieu  de libérer des talents.

 

2) Nous sommes en  capacité  de  (sur) production de tout, par exemple de lait ou d'ordinateurs, et l'on crève de faim dans le dénuement.  Nous savons le faire, et  nous  ne  le  faisons  pas...  Pour  respecter quelle convention??? Maintenant voyons de plus près l'escroquerie des capitalistes.

 

II° ) La convention du Capitalisme : ce lien signe (ou monnaie) et matière.

 

Suite à la crise de 1929 et à la guerre 1939-45,  il a été décidé de revenir à une vraie régulation et surtout au postulat  (ou convention) du capitalisme  :  le lien entre monnaie et matière. Ainsi fut établi Dollar/Or comme  monnaie mondiale (Accord de Bretton Woods).

 

Les Etats-Unis du fait de la guerre du Vietnam ( 1964 ) dépensaient beaucoup plus de dollars qu'ils n'avaient réellement de réserve d'or. Et donc décident de sortir de la règle du jeu,  de  la  convention,  en  1971.  Cela  leur  permet d'émettre de la fausse monnaie - ( sans le sens de non-respect de la convention ).

 

Parallèlement la petite caste  de  quelques  pourcents de capitalistes qui possèdent la plupart, des  diverses richesses mondiales (les spéculateurs) a souhaité alors pouvoir en faire autant et a,  petit à petit,  organisé  la dérégulation et la création de nouveaux outils :  achat à terme en options, ventes à découvert,  etc.  et  aussi de nouveaux produits,  (dérivés),   pour masquer leurs escroqueries. Les banquiers  (il nous faut les distinguer des spéculateurs même s'ils font partie,  eux-aussi,  de la même caste)  agiront, voici comment :

 

- Ayant créé leur propre organe de régulation, le B.I.S.(dit comité de Bâle),  la règle principale  est,  qu'il  suffit d'avoir 8% de fonds propre. A bien remarquer que les récents tests aux Etats-Unis et en  Europe  obtiennent une moyenne de 4%, c'est si faible que même  le  FMI s'en émeut at que Bâle prévoit d'exiger plus. Donc les banques prêtent de l'argent  qu'elles  n'ont  pas. C'est essentiellement par ce biais  qu'elles mettent ainsi en circulation de la monnaie... car  cet  argent  est  utilisé par l'emprunteur qui repose de nos jours sur la totale garantie  de la banque  d'émission...  Elles  se  disent : "Ils me rembourseront  avec  un  intérêt...  et  je  peux prendre une hypothèque, par exemple".

 

C'est ce que Joseph Stiglitz lui-même appelle  cela,  un système de cavalerie ; ça marche dans un système en expansion. Mais  si  les  remboursements  ne  se  font pas, ou si les prix des hypothèques sont moins élevés que les sommes prêtées, tout s'écroule.

(Des centaines de banques ont fermées depuis 2007)

La garantie des banques en prend un coup. Au début elles se prêtent entre elles le petit prêt de 4%, puis ce maquillage s'arrête. Sauve qui peut !

 

Pour se sauver de l'escroquerie, elles  demandent  de l'argent aux Etats qui s'endettent  pour  tenter  de  les aider. Elles sont aidées Ã©galement par  des  injections d'argent  aux  entreprises,  qui   peuvent  rembourser leurs dettes ; ce qui sauve les banques  et  au-delà,  la caste des capitalistes... Et les Etats se ruinent...

 

 

                                                 

                                                                  

 

 

 

 

             La population paye une 1ère fois.

 

Les Etats-Unis Ã©mettent  de  la  monnaie  fictive,  mais pas les Etats d'Europe, qui n'ont pas le droit  de  créer de la monnaie par le traité de Lisbonne.  De ce fait les Etats  européens  doivent  emprunter,  aux  prix  forts aux banques, l'argent qu'ils ont donné au système, ce qui les oblige à sacrifier leurs services sociaux.   

                      (Voir l'exemple de la Grèce)

 

             La population paye une 2ème fois.  

 

Le résultat,  c'est qu'il y a de plus en plus de liquidités de monnaie.  Les spéculateurs,  avant  la  catastrophe annoncée, (probablement sous  forme  d'inflation,  si  le peuple ne réagit pas avant), profitent  de  cette  manne pour acheter de la matière : - les uns, de l'or  ;  il a été acheté  sur  certificats   (or-papier)   plus  d'or  qu'il  en existe...   Il  va  avoir  des  perdants !   - les  autres,  de l'immobilier, des bijoux, des oeuvres d'art,  des terres cultivables, des matières premières, des mines...  Il va y avoir des gagnants (pour nous les revendre plus chers et ainsi affamer les peuples), et d'anticiper les énormes profits à venir si l'inflation se déclenche. Par exemple 1 kilo de riz acheté un dollar en vaudra mille.

 

    Ce sera la 3ème fois que la population payera,        et que les plus riches seront encore plus riches.

 

A ce stade quelques remarques :

1ère remarque, l'ancienne convention du capitalisme, c'est-à-dire le lien monnaie-matière  (ex l'or)  est  ainsi transgressée par les capitalistes eux-mêmes les Etats-Unis et la caste des plus riches.  En revanche  les pays européens les plus sociaux sont coincés par  le  traité de Lisbonne.                           

2ème remarque, les capitalistes  font  ainsi  subir  aux Etats européens une règle d'airain qu' eux-mêmes ne respectent pas. La règle du jeu  bénéficie  Ã   celui  qui ne la respecte pas.

3ème remarque, de deux choses l'une soit la création monétaire  est  néfaste,   alors  pourquoi  le  privé  s'y autorise,  soit elle est bénéfique,  alors  pourquoi  elle est interdite  aux  Etats ?  (Pas  qu'européens,  la  très grande majorité des banques centrales  de  plusieurs pays sont devenues indépendantes et  au  service  de la ploutocratie, qui échappent  au  politique  et  à  la population).

4ème remarque,  la  conséquence  pour  les  Etats  les plus naïfs,  c'est la ruine de la puissance  publique,  et des  moyens  de  la  démocratie. (Il  s'agit  en  outre  du démantellement de la démocratie !).

5ème remarque, le rôle des politiques est d'agir pour le bien commun,  non au profit  d'une  classe.  (Ils  se sont fait acheter,  ou se sont couchés,  ou  rien  compris). Ce n'est pas un hasard si aux Etats-Unis,  a été voté le déplafonnement des dons aux partis politiques, suite à l'élection d'Obama en 2008. (On se doute que ce sont les républicains qui vont en profiter).

                             Alors quelle solution ?

 

                              Posons le problème. 

Le problème  réside-t-il  dans  la  convention  qui  doit régir  la  monnaie ?  Ou  du  lien  monnaie ???  C'est  la question posée. La monnaie  (les pièces, les billets)  est dite fiduciaire en laquelle nous avons foi,  en  laquelle nous  avons  confiance.  Pour  cela  il  faudrait  que  la convention soit posée et respectée.

 

                             Qu'en est-il de nos jours?

 

Quand on lit les textes des économistes, aucun ne dit la même chose. Pour faire plus simple les uns parlent encore du lien monnaie-matière, tandis  que  d'autres vont parler de la création monétaire par les  banques privées auxquelles elles apporteraient leurs garanties grâce aux actifs. Certains  parlent  même  de  valeurs-informations, (donc de monnaie-information), etc. Mais aucun n'est d'accord pour définir ce qu'est un actif...

 

1ère conséquence : personne ne connait vraiment la convention qui régit la monnaie de nos jours...

 

Les capitalistes  profitent  de  ce  flou  pour  utiliser  la monnaie comme une laisse ; ils laissent filer quand ça les arrange et la resserre pour tenir  la  population. Ils nous font  mourir  de  faim  et  nous  épuise  dans  un travail stérile.  Le pouvoir n'est intéressant et possible que si est maintenue  une  différence  entre  la  petite élite et les masses.

 

2ème conséquence :  il  apparaît  que  les  politiques, les gouvernements et  donc  la  population,  ont  ainsi abandonné ce  qui  devrait  Ãªtre  leur  toute  première préoccupation.

 

Deux hypothèses :

1) soit nous revenons à la  convention  de  départ  qui est la monnaie-matière, c'est-à-dire l'or, car l'or est en quantité limité et ne peut  suivre  le  gain  exponentiel de productivité. Pour  ce  faire,  l'inflation  est  le  plus simple et le plus probable ;  et ce sont les pauvres qui vont souffrir le plus avec un risque de chaos mondial.

2) soit nous changeons de convention. De ce fait c'est déjà fait !

 

Une piste : les gains de productivité dus  surtout  Ã   la mécanisation  doivent   ( en  effet )  se  traduire  par  la création de "signe" sous contrôle du politique, c'est-à-dire de gouvernements, eux-mêmes soumis  alors  au contrôle démocratique. ( Lien  production-monnaie ).

Il nous faut donc concevoir un  système  international autre que ceux envisagés dans le passé... Ce nouveau système doit être au service de la population.  Il s'agit d'un changement de référentiel.

 

Conclusion : Il est certain que dans tous les cas de figure,  la  convention  qui  doit  régir  la  monnaie, doit  faire  l'objet  d'un  débat  public ,  d'un  débat démocratique, c'est un enjeu majeur.

             Et rester sous le contrôle du politique.

 

Nota Bene : il nous faut  ainsi inverser  la  maîtrise  de la création monétaire ; que du privée  elle  passe  Ã   la souveraineté  collective,  pour  inverser  les  effets  du "gâchis-pénuries"  et passer à la gestion maîtrisée  de l'abondance.  

 

                                                               Pierre Bray

 

                                                            

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